Œ de Pierre Pontvianne

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Œ de Pierre Pontvianne est la dernière création de la compagnie Parc, présentée en avant-première au festival Montpellier Danse en juin dernier, programmée actuellement les 10 et 11 octobre à l’Atelier de Paris / CDCN dont le chorégraphe est artiste associé.

En ouverture, sept interprètes sont alignés en fond de scène face public. Ils baignent dans une pénombre. Lentement, par un effet de balayage lumineux, les corps apparaissent plus nets avant de disparaître à nouveau dans l’obscurité. Puis brutalement, une énorme déflagration sonore, comme un cataclysme de fin de monde accompagné d’un noir total, surprend et fait sursauter l’audience.

Dans une lumière crépusculaire, une danseuse apparaît de trois quarts dos au milieu du plateau, le bras tendu à son horizontal, le poing fermé. La main s’ouvre. La danse peut commencer à partir de ce geste d’ouverture d’une main exploratrice, mais encore solitaire. La bande son distille comme de légers bruissements de nature où se mêle l’écho d’une rumeur encore lointaine. Une nouvelle déflagration et un noir d’encre total viennent clore le tableau.

Un palimpseste de gestes.

Œ de Pierre Pontvianne est une pièce chorégraphique toute entière construite sur ce principe de séquences successives qui s’ouvrent et se ferment de la sorte par un brutal fondu au noir et une déflagration sonore qui l’est tout autant. Lorsque la lumière reprend ses droits, de nouveaux interprètes sont au plateau, selon un principe d’accumulation progressif (1 puis 2, puis 3, puis 5, enfin 7). Les mains semblent toujours le point d’entrée d’une danse à venir : elles se tiennent, se lâchent, se frôlent, se soutiennent ou s’accompagnent. De l’une à l’autre, les corps se croisent alors avec fluidité dans des regroupements et des agencements éphémères, tel un tissage de fils de coton qui se croiseraient sur le métier à tisser avant de se défaire à peine tressés. Les motifs se dessinent et s’effacent ou se maintiennent quelques instants avant de se dissoudre.

Aucun tableau ne s’ouvre ce sur quoi le précédent s’est achevé, mais il en reste pourtant quelque chose : des gestes réapparaissent à mesure que la pièce avance comme les poings levés (plutôt par deux), des lignes qui coupent le plateau en deux, des rondes peu assurées. Mais rien dont on ne peut vraiment être sûr. Reprises différemment, les strates de danse se superposent et la composition chorégraphique s’apparente à un palimpseste.

La rumeur du monde au porte de la danse.

Mais il y a aussi dans Œ ces arrêts comme des instantanés photographiques que l’on pourra éventuellement garder en mémoire. Des arrêts qui viennent figer un état des lieux avant la plongée dans un flux de mouvements qui s’accélère à mesure que la pièce avance dans sa durée. La lumière baisse inexorablement, la rumeur du monde si lointaine au début enfle et se rapproche imperceptiblement. La dernière image restera énigmatique, seul point coloré de la pièce : une main rouge émerge d’un noir total. Tout autant que ce titre, Œ, métaphore de ce qui nous lie, car le caractère œ est ce qu’on appelle une ligature orthographique, deux lettres irrémédiablement liées entre elles pour n’en faire qu’une.

Chorégraphie : Pierre Pontvianne.
Interprétation : Jazz Barbé, Laura Frigato, Thomas Fontaine, Paul Girard, Florence Girardon, Clément Olivier, Léna Pinon-Lang.

Œ de Pierre Pontvianne, vu le 11/11/2023 à l’Atelier de Paris – CDCN.
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Site de la Cie PARC.