André Steiner, photographe du corps en mouvement, est exposé au Musée d’art et d’histoire du judaïsme jusqu’au 22 septembre.
Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme présente l’exposition André Steiner. Le corps entre désir et dépassement à l’occasion de l’Olympiade Culturelle. Y sont réunis une soixantaine de clichés de sport et de danse réalisés par le photographe dans les années 30. André Steiner (1901-1978) se met à la photographie un peu par hasard après qu’on lui ait offert un des premiers Leica à la fin des années 20. Juif hongrois installé à Vienne dans le cadre de sa formation scientifique, il quitte la capitale autrichienne devant la montée de l’antisémitisme pour venir s’installer à Paris.
André Steiner, adepte de la Nouvelle Vision photographique.
Ancien sportif de haut niveau, Steiner s’intéresse particulièrement au corps en mouvement. Il ouvre un studio photo à Paris et se spécialise dans la photographie de sport, de danse et de nu. Il est l’un des représentants de ce qu’on appelle la Nouvelle Vision dans la lignée de photographes tels László Moholy-Nagy, Alexander Rodchenko, Germaine Krull et quelques autres qui expérimentent et explorent les nouvelles possibilités visuelles de l’appareil photographique, en usant notamment de la plongée et de la contre-plongée. VU, l’un des incontournables magazines de l’entre-deux guerres, publie régulièrement ses clichés.
André Steiner et la danse : les photographies de la danseuse Lisa Fonssagrives en pleine nature.

L’exposition du Musée d’art et d’histoire du judaïsme est divisée en petites sections. Celle consacrée à la Danse et photographie est constituée d’une dizaine de clichés. On remarquera surtout ceux des danseuses photographiées en plein saut qui ne sont pas sans rappeler les photographies de la danseuse Gret Palucca réalisées par Charlotte Rudolph dans les années 1920 à Dresde en Allemagne. On s’arrêtera plus particulièrement sur les prises de vue de Lisa Fonssagrives en pleine action. Danseuse suédoise installée à Paris, elle deviendra un célèbre mannequin de mode posant pour les plus grands photographes (Horst P. Horst, Erwin Blumenfeld, Irving Penn, etc.). Tous les clichés de Lisa Fonssagrives proviennent de la collection du Musée national d’art moderne qui a largement participé aux prêts pour cette exposition (clichés que l’on peut consulter sur le site du Centre Pompidou)


André Steiner est un adepte du Leica au format 24×36 depuis 1924. Ainsi la réduction et la légèreté du matériel photographique, la facilité de prise de vue permettent de réaliser, en extérieur et en pleine nature, des clichés inédits des corps en mouvement, qu’il s’agisse de danse ou de sport. Et ces prises de vue en extérieur s’inscrivent naturellement dans ce mouvement de la danse libre qui, depuis le début du XXᵉ siècle, prône une liberté des corps en mouvement.
Le temps des années 30 est aux corps qu’on célèbre : corps sains, en lien avec la nature et corps athlétiques et héroïques (pour reprendre un des thermes de l’exposition) qui s’inspirent de l’antique. Avec ses clichés de corps en mouvement et de nus en pleine nature, Steiner est évidemment totalement de son temps.
André Steiner. Le corps entre désir et dépassement, exposition à voir jusqu’au 22 septembre au Musée d’art et du judaïsme à Paris.