Requiem de Béatrice Massin au festival Cadences

Avec son Requiem – la mort joyeuse, Béatrice Massin invite ses 12 interprètes à fêter les morts les pieds dans l’eau et de manière résolument joyeuse.

Béatrice Massin est une chorégraphe formée à la danse baroque. Avec sa compagnie Fêtes Galantes elle actualise et revitalise cette danse inventée par Louis XIV à l’aune des corps contemporains. Créé en novembre 2022, c’est fort d’une vingtaine de dates à son actif que son Requiem – la mort joyeuse était programmé au Théâtre Olympia d’Arcachon dans le cadre du festival de danse Cadences.

Sur bord de mer projeté en fond de scène, envahissant peu à peu le plateau, le Requiem de Béatrice Massin débute par des courses joueuses entre interprètes. Et si des motifs de têtes de mort ornent les costumes de scène, teeshirts et pantalons sont de couleurs. Ainsi le ton est donné. Ce Requiem de Béatrice Massin nous emmènera incidemment du côté du Mexique et de sa culture festive et bariolée des défunts.

Réinventer le Requiem de Mozart.

Sur la partition du Requiem de Mozart, le baroque est de la partie avec ces bras gracieux grands ouverts, ces paumes tournées vers le ciel. Les interprètes, tout d’abord séparés les uns des autres, se regroupent en ligne ou par groupes de 2 ou 3, à l’unisson ou dans des décalages savamment composés qui épousent le ressac des vagues projetées en fond de scène et sur le plateau.

Un baluchon apparaît porté par les uns et les autres, passant de bras en bras avant d’être déposé dans un coin de la scène. Plus tard en sortiront de larges robes fleuries transparentes dont tous se vêtiront et qui tournoieront sur les claves de la partition Danzon N°2 du compositeur Arturo Marquez comme pour habiller le Requiem d’une nouvelle peau. Béatrice Massin nous a expliqué qu’elle a longuement cherché ce qui lui permettrait de sortir de la forme répétitive et inachevée du Requiem de Mozart. Elle a trouvé le final dans cette partition moderne qui emprunte autant aux musiques cubaine et mexicaine et fait du requiem une célébration joyeuse sans se défaire du geste baroque.

Requiem de Béatrice Massin vu au Festival Cadences d’Arcachon.


Lou, un solo écrit par Mickaël Phelippeau.

Le lendemain, changement de plateau, mais la mer est toujours présente. En vraie cette fois-ci. Avec son plateau posé sur le sable, le Théâtre de la mer du festival Cadences d’Arcachon est installé en plein air, espace ouvert sur le littoral et l’horizon, ce qui en fait une de ses savoureuses particularité. En arrière-plan les plaisanciers, baigneurs, et bateaux restent à bonne distance. Béatrice Massin y présentait un solo intitulé Lou écrit pour, et dansé par Lou Cantor, vue la veille dans le Requiem. Mais précisons immédiatement que ce solo est une commande de la chorégraphe à un autre chorégraphe, Mickaël Phelippeau.

Lou est un solo qui au-delà de la danse baroque dont sont expertes Béatrice Massin et Lou Cantor, explore ce lien qui unit la danseuse avec la chorégraphe depuis plus d’une vingtaine d’années. Lou est une sorte de conférence dansée qui explore tout à la fois ce qu’est la danse baroque et son contexte historique d’apparition sous Louis XIV et la relation forte entre la danseuse et la chorégraphe, relation dont on prendra pleinement la mesure dans la moment de l’habillage et le pas de deux qu’elles dansent ensemble.

Proposé en remplacement d’ABACA, un quatuor initialement prévu et déprogrammé pour des raisons de blessures des interprètes, ce solo/duo aurait pu désarçonner le public par sa forme moins académique. Il n’en fut rien et les spectateurs manifestèrent leur satisfaction en fin de spectacle par des applaudissements largement mérités.

Site de la Cie Les Fêtes Galantes
Crédit photos © filipf.o.t.o / avoiretadanser