Faits d’hiver 2024, un festival de danse qui propose comme à son habitude une édition placée sous le signe de la diversité de la danse contemporaine : diversité des esthétiques, des corps, des âges, des lieux partenaires.
Les jeunes chorégraphes femmes à l’affiche de cette édition 2024.
Ce festival faits d’hiver 2024 fait la part belle aux femmes chorégraphes avec leurs dernières créations. Il y a celles qui cheminent avec la danse contemporaine depuis leur début au rang desquelles Laura Bachmann (Ne me touchez pas), Sarah Baltzinger (Venus anatomique), ainsi qu’Anne Sophie-Lancelin (Le Quatrième pas se fait la nuit) et Rebecca Journo (Les amours de la pieuvre), ces deux dernières déjà programmées dans le festival, la première avec Personna en 2022 et la seconde avec Portrait en 2023.
Il y a aussi ces chorégraphes venues de la danse hip hop ou du krump et qui posent dorénavant leurs pas dans ceux de la danse contemporaine. Jan Gallois qui a maintenant plusieurs créations à son actif se met en prise direct avec le public dans In Situ. Nach reprend Cellule un solo de 2017. Leïla Ka, après plusieurs solos qui lui ont fait une belle renommée s’attaque à sa première création de groupe avec Maldonne dont on a pu voir la préfiguration l’année dernière au 104 avec Bouffées. Mellina Boubetra présente 2 pièces courtes Nyst et Intro à l’Espace 1789.
Auto dérision et humour.
Dans un registre teinté d’ironie et d’auto dérision la chorégraphe italienne Silvia Gribaudi présente 2 pièces aux Abbesses / Théâtre de la Ville : la reprise du solo R.OSA de 2007 et sa dernière création Grand Jeté avec un ensemble de 10 jeunes interprètes de la MM Contemporary Dance Company.
Dans cette même veine empreinte d’humour, Poufs aux sentiments de Clédat & Petitpierre programmé au Carreau du Temple est à ne pas rater. Reprenant les figures du ballet burlesque, des personnages emperruqués jusqu’à l’absurde évoluent dans un jardin instable et mouvant.
Porter un autre regard sur le handicap et les corps vieillissants.
Le festival faits d’hiver c’est aussi un regard attentif porté aux formes chorégraphiques qui rendent visibles celles et ceux que notre société cherche encore trop souvent à invisibiliser : corps porteurs de handicap ou corps vieillissants.
Bernardo Montet, Maguy Marin et Volmir Cordeiro ont chacun transmis des fragments de leurs créations aux comédiens danseurs porteurs de handicap de la troupe Catalyse.
Tidiani N’diaye avec son duo Fila Fila Manani poursuit un travail de sensibilisation à la protection de l’environnement auprès des jeunes en situation de handicap auditif à l’International Visual Théâtre.
Julie Nioche crée le solo Spirales comme un hommage aux enfants atteints de troubles autistiques ou frappés d’exclusion et de précarité qu’elle a rencontrés au cours d’ateliers partagés.
Jean-Christophe Bleton, avec sa création Ne lâchons rien ! Bêtes de scène #3 poursuit son questionnement sur le vieillissement des danseuses et danseurs en réunissant les interprètes hommes et femmes des deux précédentes Bêtes de scène pour une rencontre placée sous le signe de la résistance.
Mohamed Toukabri longtemps séparé de sa mère crée avec elle, qui souhaitait être danseuse, un duo où la différence d’âge s’estompe.
Avec Frérocité, Fabrice Ramalingom investit la scène de la MPAA Saint-Germain avec les danseurs de sa compagnie et une vingtaine de danseurs amateurs dans un joyeux mélange de corps de plusieurs générations.
Le festival faits d’hiver 2024, un hommage au temps qui passe.
Autre manière d’aborder la question des années passées et de la longévité est de faire une place au patrimoine chorégraphique. C’est ainsi que Pedro Pauwels reprend Cygn etc.. une pièce, chorégraphiée par 8 femmes dont certaines disparues depuis, d’après La Mort du cygne créée par Fokine en 1905 pour Anna Pavlova.
Daniel Larrieu avec sa pièce Play 612 propose de livrer les outils dans lesquels il a puisé au cours de sa longue carrière pour composer ses danses.
La longévité, c’est aussi celle de l’interprète et chorégraphe Sylvain Prunenec qui, à ce titre bénéficie d’un “focus x 3” dans ce festival. Il est interprète dans Poufs aux sentiments cité plus haut. Dans Le fil, un récit parlé-dansé à partir de ses souvenirs de danseur, il revient sur sa place d’interprète auprès d’Odile Duboc, Dominique Bagouet, Trisha Brown et Deborah Hay. Enfin dans 48e parallèle, il met en scène sa traversée du continent eurasien effectué en 2019.
Enfin pour finir ce tour d’horizon du festival faits d’hiver 2024, il faut mentionner les créations Ophelia-s de Mossoux-Bonté au Théâtre de Chatillon, SubRosa des chorégraphes Edmond Russo et Shlomi Tuizer fortement inspirés par les artistes Agnès Martin et Francesca Woodman et El Adaptador de Marco Berrettini qui à travers la figure du matador nous interroge sur notre rapport au réel.
Toute la programmation détaillée est à retrouver sur le site du festival faits d’hiver 2024.
Photo de couverture faits d’hiver : Nach, Cellule © Dainius Putinas.