Soul Chain de Sharon Eyal

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Soul Chain de Sharon Eyal, une création pour la compagnie allemande TanzMainz.

Le 104 accueillait, dans le cadre de la programmation du Théâtre de la Ville Hors les murs, la chorégraphe israélienne Sharon Eyal et la compagnie allemande TanzMainz pour Soul Chain, pièce pour 17 danseurs.

Après son passage cet été à Paris avec la pièce Love Chapter 2 dans le cadre du festival Paris l’été, on attendait d’être totalement convaincu avec cette pièce dont la programmation avait subi comme tant d’autres les déprogrammations successives.

Sharon Eyal est une chorégraphe issue des rangs de la Batsheva. Elle y fut danseuse, chorégraphe puis directrice artistique et cela se sent. Il y a une forme d’énergie et un travail sur les corps, jouant tour à tour du relâchement et de la tonicité que l’on retrouve aussi chez Ohad Naharin.

Entre les deux pièces Love Chapter 2 et Love Chain plus ancienne, se retrouve une même esthétique avec des déplacements sur demi-pointes, des costumes unisexes près du corps pour l’ensemble des interprètes, l’absence de couleur, une bande son électro puissante.

L’effet de masse de Soul Chain.

Soul Chain de Sharon Eyal
Soul Chain © Andreas Etter

Soul Chain débute par des traversées de danseuses par 2 ou 3, marchant côte à côte au même pas sur leurs demi pointes et suivant des diagonales du fond de scène au-devant de la scène, le port de tête haut à la manière de mannequins dans un défilé de mode. Peu à peu le plateau se remplit au rythme de ces traversées et des nouveaux danseurs prenant possession de la totalité de l’espace.

Il se dégage une forme de martialité, que renforce la création sonore de Gai Behar, dans cette danse à l’unisson, à la fois animale et dépouillée jusqu’à l’os. C’est une danse des grands ensembles comme on le dirait en architecture : massification, monumentalité, uniformité et répétition. Si on poussait plus loin la métaphore avec l’architecture, on parlerait de brutalisme. Pourtant, dans cette uniformisation implacable, des éclats apparaissent ici et là, des corps individuels avec leurs gestes propres tentent de s’extraire de ce magma de corps à l’unisson avant d’être repris. Forcément impressionnant.

Soul Chain de Sharon Eyal vu au 104 le 01/10/2021.

Le site de la compagnie LEV dance Company de Sharon Eyal et Gai Behar.

On pourra également lire nos articles sur Promise, l’autre création de la chorégraphe avec TainzMainz, The Brutal journey of the heart pour sa propre compagnie et Jakie avec le Nederlands Dans Theater