La ‘house dance’ de Cassiel Gaube.
Cassiel Gaube est un danseur et chorégraphe formé à P.A.R.T.S. à Bruxelles, l’école créée par Anne Teresa de Keersmaeker. Depuis plusieurs années il consacre une grande partie de son travail à explorer la “house danse” qui conjointement à la house music est apparue dans les clubs de Chicago et de New-York dans les années 80.
Après un premier solo Farmer Train Swirl qui s’attaquait à ce genre de danse, c’est en trio qu’il présente maintenant sa dernière création Soirée d’études. Une étude, dans le champ de la musique, est une pièce destinée à explorer des aspects techniques spécifiques d’une composition. De manière identique, il s’agit avec cette pièce d’explorer le lexique de cette danse, la richesse de ses formes et la complexité des pas qui la font exister. Il ne s’agit pas de reconstituer un semblant de danse festive sur le plateau, mais à partir d’un vocabulaire précis d’en proposer des variations et des transformations possibles en le déconstruisant.
Voir la danse sans entendre la musique.
Dans un style vestimentaire “urbain” (jean, basket, teeshirt blanc ce soir là), Cassiel Gaube, Federica Miani et Diego Dolciami enchainent, avec l’entrée ou la sortie de l’un.e ou de l’autre du plateau, duos ou trios à l’unisson sous la forme de courtes pièces, ces fameuses études, qui se succèdent naturellement par un phénomène de contagion et de transformation.
Muni d’un dispositif Bluetooth, les trois interprètes dansent sur une musique que nous n’entendons pas, ce qui laisse tout loisir au spectateur de porter son attention à la danse elle-même, sa complexité et également ses emprunts, car il devient manifeste que nombre de pas puisent aussi dans d’autres danses telles les claquettes ou la salsa par exemple. Dans ce silence, la danse joue sa propre musique et c’est aussi tout l’intérêt de ce dispositif sans bande son de nous rappeler en creux que la danse est d’abord une histoire de pieds qui frappent le sol et qui produisent des motifs rythmiques.
Portés par les déplacements et les variations de rythmes, le spectateur a tout loisir d’apprécier les différences d’interprétation d’un même pas, les relations entre danseurs qui dessinent des figures entre eux, les regards qui s’échangent et qui nous rappellent que cette danse est aussi une “danse sociale”, une danse de la relation à l’autre.
On ne dira pas ici comment se termine cette proposition réjouissante qu’on pourra retrouver à la Ménagerie de Verre à Paris du 15 au 17 novembre dans le cadre du festival les Inaccoutumés.
Soirée d’études de Cassiel Gaube vu au Centre national de la Danse le 16/10/021.