Radical Light, une pièce tout à la fois lumineuse et radicale.
Lorsque le public entre dans la salle, les danseurs sont déjà présents sur le plateau, une femme et quatre hommes dont le chorégraphe lui-même. Ils ont commencé à danser sur et/ou autour d’un grand carré orange disposé au sol. Quand ils ne dansent pas, ils se regardent danser avant de repartir pour certains dans de grands lancés de jambes, souvent à la limite du déséquilibre, des spirales du buste, et dans une gestualité propre à chacun d’entre eux. Tout semble s’inscrire dans une détente totale des corps introduisant des temps de suspension, presque de lenteur mais tout en fluidité. La bande son elle-même diffuse une boucle très easy listening. La matière corporelle que développent les 5 danseurs est déjà fascinante par on ne sait quelle magie.
Puis les portes de la salle refermées et à mesure que la bande son se fait plus rythmique et plus technoïde, les interprètes vont rentrer dans une danse de plus en plus incisive, ciselée, esquissant des rapprochements qui se défont et se refont au gré de leurs passages sur ce grand rectangle orange, alternant syncopes et profusion de gestes qui empruntent tout à la fois à la danse contemporaine et à la danse festive. Tout semble relevé d’une grande liberté d’improvisation à l’image d’une battle qu’ils semblent esquisser en cours de spectacle. Or l’écriture est précise, les unissons jaillissent dans la clarté de leurs intentions, chacun gardant en même temps la vérité de son propre corps et comme suivant son propre chemin. Faire et défaire, flux continu, richesse et vitalité du geste, pulsation.
On retrouve là sans doute toute la part du travail du chorégraphe aperçue dans la co-écriture de A Love Supreme avec Anne Teresa de Keersmaeker. Radical Light, une pièce tout à la fois lumineuse et radicale.
Radical Light vu le 13 avril 2018 au Théâtre de la Bastille.