Betty Tchomanga, Histoire(s) décoloniale(s)

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Histoire(s) décoloniale(s) #Mulunesh de Betty Tchomanga aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis le 27 mai au Théâtre Municipal des Malassis.

Il y a quelques semaines, Focus Tremplin en partenariat avec l’Étoile du Nord Théâtre présentait Histoire(s) décoloniale(s) #Mulunesh, un solo chorégraphié par Betty Tchomanga avec la danseuse Adélaïde Desseauve aka Mulunesh. Cette dernière était déjà interprète dans Leçon des ténèbres, la précédente création de la chorégraphe.

Betty Tchomanga, née d’un père camerounais et d’une mère française, s’intéresse plus particulièrement dans ses créations aux récits qui relient l’Afrique et l’Occident à travers l’histoire coloniale. C’est dans cette perspective que s’inscrit la série des trois solos Histoire(s) décoloniale(s). Chacun d’eux aborde la question coloniale à travers l’histoire singulière de son interprète.

Betty Tchomanga, histoire(s) décoloniale(s)
Histoire(s) décoloniale(s) © Grégoire Perrier

Avec Histoire(s) décoloniale(s) #Mulunesh, il s’agit là du troisième volet créé avec la danseuse Mulunesh. D’origine éthiopienne, Mulunesh a été adoptée petite fille par une famille française. Elle est ainsi à la fois Adélaïde Desseauve, son patronyme d’adoption, et Mulunesh comme elle le dit à plusieurs reprises durant la pièce. Elle porte une collerette comme les bourgeois hollandais du 17ᵉ siècle et est vêtue comme une boxeuse, comme pour dire la dualité qui la traverse.

Ce que peut la danse.

Mulunesh tente de se souvenir d’une danse de son pays d’origine, mais il ne lui en reste pour l’essentiel que les roulements d’épaules, le reste étant tombé dans l’oubli. Elle finira pourtant debout sur une table d’écolier à danser le krump (Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise) comme dans une reconquête d’elle-même.

C’est ainsi sous le sceau de l’intime et de ce que le corps garde de trace(s) que se questionnent cette relation de pouvoir et de domination de l’Occident sur l’Afrique. Un portrait extrêmement touchant ou la danse et le corps viennent combler les trous de la mémoire et exalter l’affirmation d’une jeune femme à travers la puissance d’une danse, le krump.

Histoire(s) décoloniale(s) #Mulunesh de Betty Tchomanga vu le 15 mars.
C’est dans un établissement d’enseignement en présence de collégiens que se déroulait la performance d’une quarantaine de minutes car la chorégraphe tient à s’adresser à ce jeune public aux origines multiples en abordant des problématiques qui peuvent faire écho à leurs propres histoires.

Réservations sur le site des Rencontres chorégraphiques.