Zona Franca d’Alice Ripoll est la dernière création de la chorégraphe brésilienne avec la compagnie Suave. L’autre création que le public parisien peut découvrir en ce même moment est aCORdo par la cie REC, une pièce qui fut présentée en 2019 au festival Artdanthé dans les collections du Musée du Centre Pompidou.
Un pagode pour ouvrir le bal.
Dans Zona Franca, le chant et la danse occupent une place de choix. A l’entrée du public en salle, la musique et les chansons brésiliennes résonnent déjà. Cinq interprètes présents autour d’une table chantent et dansent tout en s’accompagnant des instruments typiques du pagode brésilien comme le pandeiro. Le pagode, pour qui ne le saurait pas, est ce moment de convivialité entre participants autour d’une table où l’on joue et chante la samba. Ce pagode-ci durera tout le temps de l”installation du public.
Zona Franca d’Alice Ripoll : que la fête commence.
Cela fait, Zona Franca d’Alice Ripoll débute avec l’arrivée de quatre autres interprètes. On assiste alors tout au long de la pièce à une succession de situations quelque peu extravagantes, plus ou moins cocasses. Sur le plateau on y roule à vélo, on y fait du yoga et des cabrioles. On y mange, on s’y embrasse et on y danse, seul ou en groupe et souvent les 2 à la fois. Les ballons de foot et de baudruche sont de la partie, qui explosent en déversant leurs lots de paillettes colorées. On y fait un peu tout ce qu’on veut, comme on veut, seul ou à plusieurs. Il se dessine là un espace de liberté, de connivence entre chacun. Une zone franche comme l’indique le titre de la pièce.
Entre ces moments d’exubérances, danseurs et danseuses montrent tout leur talent dans des pas de danse survitaminés. Ils mêlent tout autant les danses populaires du Brésil que celles plus contemporaines issues de l’hybridation de danses africaines, du voguing, du twerk, du passinho, de la danse contact. Dans Zona Franca, tout devient prétexte à défoulement festif. Les interprètes, jeunes issus des favelas, transforment le plateau en un espace de jeu qui devient métaphore d’une réappropriation du politique dans l’après Bolsonaro, lieu d’expérimentation de ce qui fonde une collectivité et permet d’envisager un autre futur possible. Comme le dit la chorégraphe elle-même : “Mes chorégraphies ne parlent pas de politique, elles sont politiques”.
Zona Franca d’Alice Ripoll vue le 9/11/2023 au 104 avec le Festival d’Automne.
Création : Alice Ripoll.
Interprètes : Gabriel Tiobil, GB Dançarino Brabo, Hiltinho Fantástico, Katiany Correia, Maylla Eassy, Petersonsidy, Romulo Galvão, Tamires Costa, Thamires Candida, Vinicius Rodrigues.
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