Ayelen Parolin, chorégraphe d’origine argentine basée à Bruxelles, présentait à Paris deux de ses dernières créations à quelques jours d’écart, WEG à Chaillot et Simple au 104. Elle sera de retour l’année prochaine à Chaillot.
Quand la scène devient terrain de jeu.
Dans Simple, sur fond de tenture où le rose se mêle au jaune et l’orange au bleu, trois hommes habillés d’académiques d’une symphonie tout aussi colorée que le rideau de fond de scène entrent sur le plateau, mimant le pas du cheval et frappant vigoureusement du pied le sol. Jusqu’à la fin de la pièce, ils vont faire assaut de rivalité, de fausse modestie et d’extravagance à coups de petites phrases dansées, qui reviennent sans cesse comme des leitmotivs, mais reprises et réagencées selon l’humeur de chacun. Se jaugeant du coin de l’œil et rivalisant de loufoquerie, leurs assauts rythmiques oscillent entre ersatz de danse classique (le Lac des cygnes), danse moderne (Cunningham) et jeu d’enfants. Il y a de l’ironie dans Simple.
La simplicité toute enfantine de Simple.
Comme le feraient des enfants qui cherchent en permanence à épater leurs camarades, les interprètes se surprennent eux-mêmes de leur propre audace, jouant de moments de suspension comme d’un arrêt sur image, et goûtant à une forme d’inachevé, de non terminé. Si la question était : y aller ou pas, la réponse serait plutôt y retourner. Mais y retourner autrement, différemment, en testant les combinaisons possibles que permet le trio. On assiste alors à une mise en œuvre d’un comique de répétition imparable.
Nulle bande son dans Simple. La frappe du pied au sol est pratiquement le seul élément sonore qui accompagne la pièce. Les voix, chantant Besame mucho, et de vraies percussions, arriveront plus tard sur la fin, après le démontage en règle du plateau par les 3 compères, comme un point d’orgue à une forme d’énergie brute et simple, dépouillée de tout artifice. On ne s’étonnera pas que Ayelen Parolin s’intéresse de près à la théorie du chaos.
Simple de Ayelen Parolin, vu au 104 Paris dans le cadre du festival Séquence danse le 19/04/2022 avec Baptiste Cazaux, Piet Defrancq, Daan Jaartsveld.
photo © François Declercq
Site de la cie Ruda.