Paula Padani. La danse migrante : Hambourg, Tel-Aviv, Paris

L’exposition « Paula Padani. La danse migrante : Hambourg, Tel-Aviv, Paris » qui se tient au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris, permet de découvrir une danseuse, élève de Mary Wigman, confrontée aux soubresauts tragiques de l’histoire entre 1930 et 1950. C’est grâce au don de sa fille Gabrielle Gottlieb de Gail au musée, de plus de 250 photographies et divers documents d’époque, que cette exposition a été rendue possible.

De Hambourg à Dresde.

Paula Padani (1913-2001), née Perla Pazanowskijson à Hambourg, est la fille d’une famille juive polonaise qui a quitté Lodz en 1910. Après la mort de ses deux parents très jeunes, elle est confiée à un orphelinat. Elle pratique la danse et rejoint l’antenne hambourgeoise de l’école de Mary Wigman en 1930.

paula padani
Paula Padani à l’école Wigman de Dresde entre 32-34.

Elle arrive à Dresde en 1932 pour préparer un diplôme de professeur de danse dans l’école de Mary Wigman. De retour d’une tournée américaine, Wigman s’engage au côté du régime nazi avec l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933. Les juifs sont exclus de la fonction publique, mais également des universités et d’autres secteurs comme les écoles de danse. Wigman se sépare de collaborateurs et de nombreuses élèves juives. Mais si Paula Padani peut malgré tout terminer ses études dans l’école de Wigman, on refusera de lui remettre son diplôme de fin d’études en raison de sa judéité.

La fuite en Palestine.

Paula Padani entre 36 et 46 © Kurt Triest

Dernière de la fratrie restée en Allemagne, elle quitte alors clandestinement le pays en 35. Elle passe quelque temps en Suisse, Florence puis Athènes où est déjà installée l’une de ses sœurs. Elle y donne ses premiers cours de danse. Elle rentre en Palestine sous mandat britannique en 1936 où elle danse dans la compagnie de Gertrud Kraus, une chorégraphe autrichienne, crée une trentaine de solos et ouvre sa propre école de danse. Elle participe à la création d’une toute nouvelle scène chorégraphique avec les nombreux artistes réfugiés comme elle. Elle est une figure pionnière de l’apparition d’une scène artistique moderne avant la naissance de l’état d’Israël en 48.

Installation de Paula Padani avec son mari à Paris.

Cours de Paula Padani rue du Bac vers 1960-70

À la suite d’une grande tournée dans les camps de réfugiés en Europe en 1946 et de récitals donnés à Paris et à New-York, elle s’installe définitivement dans la capitale française à partir des années 1950 avec son époux Aram, artiste peintre et décorateur de théâtre. Elle se consacre à son enseignement qui restera influencé par celui qu’elle a reçu de Wigman, ancré sur l’improvisation, l’expression de la subjectivité intérieure, l’expérimentation, avec des apports personnels élargis à la danse classique, au yoga, aux instruments percussifs. Une des photographies de l’exposition la montre donnant un cours rue du Bac. Elle ferme son dernier studio de danse en 1995.

Si elle eut une longue carrière de pédagogue, sa carrière de chorégraphe fut finalement assez courte, obligée qu’elle fut de quitter l’Allemagne nazie et concentrée sur la période de son installation en Palestine. Les nombreux documents photographiques permettent de garder la trace de quelques uns de ses solos. Souvent photographiée en extérieur, bondissant sur fond de ciel ou bord de mer à la manière de Gret Palucca ; s’inspirant de thématiques bibliques ou plus orientales. D’autres documents la montrent dansant sur le toit de la salle Pleyel en 1947 ou face à la tour Eiffel sur la place du Trocadéro lors de son passage à l’occasion d’un récital au Palais de Chaillot en 1948. Autant de photographies, le plus souvent des tirages argentiques, qui soulignent le caractère dynamique et plein d’entrain des danses de Paula Padani.

Paula Padani. La danse migrante : Hambourg, Tel-Aviv, Paris, exposition au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris jusqu’au 16 novembre 2025.
Commissaire scientifique : Laure Guilbert.
Commissaires : Nicolas Feuillie et Léa Weill.

Toutes les photos ont été prises dans l’exposition.

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Hora, Paula Padani 1948