Forme(s) de vie d’Eric Minh Cuong Castaing, une installation vidéos à découvrir au Bal.
Eric Minh Cuong Castaing formé au cinéma d’animation, est arrivé à la danse par le hip hop et le butô. Il développe depuis la création de sa compagnie Shonen en 2008 différents projets associant le corps en mouvement et l’image.
Le plus connu à ce jour est sans doute L’Age d’or (2018), à la fois performance et film qui associe des enfants atteints de troubles moteurs du centre d’éducation motrice Saint-This et des danseurs professionnels. Le BAL, lieu dédié à l’image contemporaine, présente le dernier projet du chorégraphe, Forme(s) de vie (2021), sous la forme d’une installation vidéos. Il s’agit d’un travail entamé en 2019 avec des résidents de La Maison de Gardanne, centre de soins qui accueille des personnes en situation d’empêchement en raison de pathologies diverses. Filmées au plus près des corps, dans leur environnement proche, des chorégraphies s’inventent sous nos yeux et produisent des « forme(s) de vie », concept emprunté à la philosophie critique et sur lequel revient Florian Gaité, philosophe et critique d’art dans la publication qui accompagne l’exposition.
« J’ai été associé au Ballet national de Marseille pendant quatre ans, sur une scène habituée à accueillir des corps de danseurs professionnels, formés depuis l’enfance à la représentation du virtuose. Et si ce corps virtuose était aussi celui d’Elise qui nous propose une perception unique de la lenteur ? Et si la virtuosité chorégraphique consistait à tenter de produire des corps à corps à priori impossibles. Il y va d’une constante remise en question de nos manières de regarder les corps et les espaces d’art qui sont par leur histoire des lieux de sélection, de pouvoir et, par ricochet, des discriminations » (Eric Minh Cuong Castaing).
Après trois ans d’ateliers et de pratique somatique avec les résidents de la Maison de Gardanne, le chorégraphe et la compagnie Shonen ont imaginé avec Forme(s) de vie des situations chorégraphiques dans lesquelles les danseurs deviennent comme « des prothèses humaines, sensibles et relationnelles » et confèrent à ces corps empêchés d’accéder à une réalité (augmentée) dont ils sont privés : la marche, l’équilibre, aller au sol, etc. Filmé en plans séquences, hors des lieux de soins, le projet redonne toute sa visibilité à ces corps qui pour empêchés qu’ils soient ne sont pas dépourvus de toute plasticité, dès lors qu’on leur permet de se réapproprier ne serait-ce que l’intention du geste dont ils sont privés. Une proposition de danse inclusive tout à fait passionnante.
L’exposition est prolongée jusqu’au 27 février 2022 au 7 impasse de la Défense à Paris. Plus d’info sur le site du BAL.
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