Break par la compagnie Flowcus ou comment cultiver sa danse.
Le festival Immersion Danse en partenariat avec Danse à tous les étages ouvrait son Focus Tremplin du 14 au 15 mars avec Break une création du chorégraphe Bruce Chiefare et de sa compagnie Flowcus.
En s’installant en salle, le public découvre plusieurs bonsaïs disposés sur le plateau. Nature en miniature travaillée par la main de l’homme pour en maintenir la croissance dans une taille réduite, ces arbres constituent non seulement le décor de la création, mais se réfèrent d’emblée à une forme de philosophie et d’esthétique toute particulière qui irrigue la danse du chorégraphe Bruce Chiefare. Car celui-ci, non seulement d’être danseur de break dance renommé depuis ces débuts en 1997, interprète dans divers collectifs, chez Régis Obadia, pour la compagnie Käfig et Kader Attou, est également passionné par l’art du bonsaï.
Aussi lorsque les 5 interprètent (2 danseuses et 3 danseurs) pénètrent sur le plateau c’est pour prendre place chacun.e au côté d’un des bonsaïs. Ils/elles entament quelques figures de break dance dans un rapport évident de connivence étroite avec chacun de ces arbres miniatures auprès desquels ils/elles se sont installé.es. Comme une façon de composer en premier lieu avec cette nature, avant de composer tous et toutes selon différentes variations d’ensemble (solo, duos, trio, etc.)
Si le titre de la pièce est Break ce n’est pas sans raison. Le terme est évidemment une référence directe à la breakdance. La danse ici y puise donc son vocabulaire, croisé de danse contact et de contemporain. Mais break peut également se traduire par ‘suspension’. Aussi la danse proposée dans Break, faisant son deuil d’une surenchère de gestes techniques, développe un art de la suspension, une danse de la décélération presque au ralenti.
Dans cette temporalité étirée, les figures deviennent alors comme des sculptures en reconfiguration constante où les corps dessinent les pleins et les creux à travers lesquels le regard du spectateur peut aussi circuler. Le regard n’est plus simplement capté par une virtuosité technique mais devient attentif au rapport que la danse entretient avec ces petits arbustes disposés çà et là. Avec cette nature pour modèle, la création Break de la compagnie Flowcus s’affirme alors dans l’art consommé de cultiver sa danse.
Break compagnie Flowcus vu à l’Etoile du Nord, festival Immersion Danse en partenariat avec Danse à tous les étages
Chorégraphie et mise en scène : Bruce Chiefare.
Interprétation : Eglantine Chauchaix, Bruce Chiefare, Hugo De Vathaire, Phynox (Patrick Flégeo), Naoko Tozawa.
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Toutes photos © filipf.o.t.o / avoiretadanser
