On a pu voir au cours de ce mois d’octobre 2 pièces emblématiques de Anne Teresa de Keersmaeker et de sa compagnie Rosas. La première Rosas Danst Rosas de 1983 signe la création de la compagnie éponyme. De cette pièce on connaît surtout le film qu’en a fait Thierry de May en 1996 dans une architecture moderniste du début du XXème siècle. Voir cette pièce dansée sur scène a permis de l’éprouver dans une temporalité différente et une unité de lieu dont ne rendait pas compte le découpage filmique. Outre le fait de voir un vocabulaire se préciser à partir de gestes simples (serrer le point, passer la main dans les cheveux, croiser les jambes, marcher, chuter, s’asseoir, etc.), ce sont les possibilités combinatoires d’unisson qu’on a pu voir se multiplier avec 4 danseuses (au lieu de 2 sur les pièces précédents).
Avec Achterland qui date de 1990, Anne Teresa de Keersmaeker chorégraphiait enfin aussi pour des danseurs. Et l’on sent bien, en voyant cette pièce à quel point les interprètes femmes et hommes ne dansent pas encore ensemble : ils partagent la même scène mais restent quelque peu encore séparés les uns des autres, constituant deux bandes avec leur code et leur gestuelle propre. Il y a un certain côté West Side Story dans cette pièce, que renforcent les couleurs vives des costumes de scène, et la partition pour piano de Ligeti. Mais ce qui lie peut-être femmes et hommes, c’est cet exercice de la chute permanente dont on se relève à chaque fois : on chute seul ou à plusieurs, déclinant toute une gamme de combinaisons possibles. Une pièce à tomber…
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