A Solas de Karine Gonzalez, un flamenco contemporain où l’intime le dispute à la tradition.
Karine Gonzalez, danseuse de flamenco dont la réputation n’est plus à faire, présente A Solas un solo qu’elle danse à nouveau au 100ecs à Paris du 6 au 10 février. A Solas que l’on peut traduire par Seule porte également un sous-titre : la femme, la danseuse, le temps.
Dans un espace dans lequel la danseuse nous attend déjà en place sur le plateau, proposition est faite aux spectateurs de prendre place à ses côtés dans un dispositif circulaire. Installée sur une chaise, elle est occupée à une activité de tricot, au son d’un métronome qu’on peut entendre comme métaphore de l’horloge du temps qui passe et pulsation rythmique de la danse à venir.
Mais avant la danse, il y a cet ouvrage à achever, fait d’une grosse pièce de laine rouge qu’elle place sur le mollet comme une espèce de jambière, protection fétiche, pansement ou parure décorative, on ne sait. Par la suite, cette même pièce de tricot viendra recouvrir ses yeux comme un masque, puis le bas du dos.
La danse de A Solas débute avec ces frappes des pieds sur le sol typique du flamenco et dont il nous semble qu’elles expriment ici une certaine forme de violence. Plus tard, les percussions des mains s’invitent avec la même énergie sur le corps de la danseuse.
Si Karine Gonzalez danse le flamenco, ce n’est pas dans la plus pure tradition ici, bien qu’elle y excelle par ailleurs. Il n’y a ni guitare ni chant pour l’accompagner. La danse se suffit à elle-même. Dans ce parti pris du dépouillement, pas de robe typique non plus, mais un haut constitué d’une chemise blanche entrouverte sur le dos nu. Le corps s’observe et s’auto-évalue : des gestes banals comme ces mains qui lissent le front pour en effacer les traces du temps viennent à leur manière faire effraction dans la danse, la parasiter de l’intérieur. Tout comme ces chevilles qui se tordent, racontant déjà la faiblesse du corps à venir.
Dans une scénographie dépouillée, la laine constitue le fil rouge de la chorégraphie. Avec ce fil d’Ariane devenant toile d’araignée, la danse devient autre, prend des détours plus contemporains. Chaussures défaites et abandonnées, le corps se libère de la tradition. Mais la pulsation de la danse reste là, dans les doigts qui marquent le rythme sur le corps ou sur le sol, dans la voix, et jusque dans la respiration lorsqu’il ne reste plus qu’elle.
A Solas, mais flamenco malgré tout !
Chorégraphie et scénographie : Karine Gonzalez, Compagnie La Mesure Sorcière / El compás brujo.
A solas de Karine Gonzalez vu le 6/02 au 100ecs.
À découvrir jusqu’au 10/02, info et réservation.
Lire aussi notre article Le flamenco à l’honneur à Paris en février.