Le Jeu de Paume propose une grande rétrospective de l’œuvre de Jean Painlevé (1902-1989), biologiste de formation et grand spécialiste du documentaire scientifique dont il fut un initiateur remarquable.
L’exposition au titre évocateur de Jean Painlevé, Les pieds dans l’eau, fait la part belle à l’ensemble de ses films tournés sur le littoral consacrés à la faune marine tels crabes, crevettes, oursins, etc. En jouant sur les échelles de prises de vue, la lumière, une certaine abstraction des formes organiques, les surréalistes trouvèrent dans les films de Painlevé l’expression d’un réalisme fantastique et poétique qui les fascinait.
L’exposition nous rappelle également que Painlevé répondit à de nombreuses commandes d’autres scientifiques : physiciens, zoologistes, mathématiciens, et étendit ainsi ses champs d’investigation et d’expérimentation cinématographiques. Il se lia aussi avec Pierre Conté qui depuis la fin des années 1920 travaillait à une méthode de notation du mouvement en danse1, également applicable à d’autres activités comme le sport. Painlevé réalisa un premier film sur ce système de notation en 1947 puis un second en 1949. Il filmera également certaines chorégraphies de Pierre Conté qui de son côté composera plusieurs musiques pour les films de Painlevé.
Cette section de l’exposition qui explore les liens entre Jean Painlevé et Pierre Conté autour de la méthode d’écriture du mouvement s’inscrit dans une thématique beaucoup plus large de l’exposition du Jeu de Paume qui est celle de « la dynamique du montage cinématographique et le rôle du mouvement, du rythme et de la danse comme caractéristiques et motifs » (du cinéma de Jean Painlevé)2. Aussi faut-il prendre le temps de voir les films de ce cinéaste, dont les images restent absolument fascinantes, et le suivre « les pieds dans l’eau » comme nous y invite le titre de l’exposition.
Exposition Jean Painlevé Les Pieds dans l’eau du 08/06/2022 au 18/09/2022 au Jeu de Paume, Paris.
Notes :
(1) Les systèmes de notation du mouvement de Laban et Benesh sont actuellement les plus pratiqués, mais le système de transcription Conté est une autre alternative enseignée en France par l’association Arts et mouvement, initiative soutenue par le ministère de la Culture, celui de l’Education, le Centre national de la Danse et par l’Unesco. Pour en savoir plus sur Pierre Conté et sa méthode, on pourra consulter l’article de Sophie Jacotot, La transmission par l’écrit dans les processus de création en danse : l’exemple d’écriture du mouvement de Pierre Conté, in « les Cahiers du CAP » N°2, éditions de la Sorbonne, 2015.(2) Cité dans le fascicule de l’exposition Jean Painlevé, Les pieds dans l’eau.