On peut voir infini, nouvelle pièce de Boris Charmatz, comme une suite logique à sa précédente et très belle création intitulée 10000 gestes (lire article), dans une forme restreinte à quelques interprètes, mais toujours dominée par la profusion des gestes et une vitalité telle que le corps semble constamment débordé sans aucune considération technique ou esthétique. On comprend, en découvrant les gyrophares disposés sur ce petit plateau qui donnera l’impression de pouvoir exploser tant les corps seront pris de frénésie, que l’urgence sera au rendez-vous. Folie des corps et des gestes à laquelle répond la folie des nombres et de ces séries de chiffres énumérés par les six interprètes à l’unisson : car dans Infini de Boris Charmatz en même temps que l’on danse, on compte ; on chante aussi quelques fois. Mais on compte surtout toutes sortes de suites mathématiques et infinitésimales, on compte les moutons, les grandes dates de l’histoire, on compte la musique et le temps qui passe avec cette agilité à bifurquer d’une série à l’autre, pour nous mener au final à ce dernier nombre qui pourrait bien être celui de notre propre fin.
Quand l’infini se dérobe immanquablement…
Infini de Boris Charmatz vu le 14/09/2019 à l’Espace Cardin.
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