La saison de la Lituanie en France s’est ouverte ce 12 septembre et durera jusqu’au 12 décembre. Trois mois pour découvrir un large panorama des créations de ce petit pays balte : musique, danse, théâtre, littérature, art contemporain, photographie, architecture, design et même gastronomie pour les plus gourmands (cf. lien en bas de page).
L’Atelier de Paris – CDCN accueillait les 17 et 18 septembre plusieurs chorégraphes lituanien.nes en Open Studio. Les artistes chorégraphiques Liza Baliasnaja, Agnietė Lisčkinaitė, Greta Grinevičiūtė y ont présenté leurs travaux. La soirée s’est poursuivie avec les représentations en plateau partagé des pièces de Lukas Karvelis et Vilma Pitrinaitė. Deux pièces aux inspirations éloignées, un conte pour l’un et la réalité géo-politique pour l’autre, mais évoquant toutes deux des formes de résistance à l’oppression.
◊ She dreamt of being washed away to the coast de Lukas Karvelis.
Lukas Karvelis présentait ici sa quatrième création, She dreamt of being washed away to the coast. Il s’agit d’une pièce qui s’inspire de la figure de l’héroïne d’un conte lituanien. Une sirène est condamnée, à l’issue d’un amour impossible, à rester prisonnière au fond des mers.
Interprétée par la danseuse Dominyka Markevičiūtė, celle-ci garde, durant toute la durée de la représentation, les mains dans les poches de son vêtement. La contrainte imposée n’est pas seulement métaphorique, mais bien réelle pour la danseuse qui sans ces appuis, partant du sol, ondule de tout le corps dans un mouvement spiralé, s’élève à mi-hauteur, et comme retenue par des chaines invisibles, est ramenée au fin fond d’une obscurité océanique.
La composition sonore de Dominykas Digimas, qui mixe bruits d’eau, séquences électroniques et notes de guitare, emporte ainsi le spectateur avec la danseuse dans les profondeurs de ce monde aquatique duquel elle tente de s’extirper.
◊ When you’re alone in your forest always remember you’re not alone de Vilma Pitrinaitė.
La seconde pièce de la chorégraphe Vilma Pitrinaitė, When you’re alone in your forest always remember you’re not alone quoique différente de la précédente dans la forme, la rejoint sur la thématique de la résistance du corps et de son désir de libération.
C’est dans une ambiance encore plus sombre, que Marija Ivaškevičiūtė au plateau ce soir-là, encapuchonnée et le corps comme contraint dans un épais blouson, développe une gestuelle dont émane une rage qui n’est pas sans rappeler celle du krump. Pour sa pièce, la chorégraphe a prélevé des gestes de résistance et de rébellion à partir du visionnage de quantité de vidéos de manifestations collectives, et plus particulièrement celles des pays de l’Est et baltes soumis à la volonté hégémonique de l’ancien empire soviétique.
À cour, des câbles pendent du plafond dans une installation très sculpturale. Ils dessinent une forme de stalactite et se rejoignent au sol dans un amas entremêlé. La bande son est constituée d’éléments audio de rassemblements et de manifestations. Munie d’un micro, la danseuse y superpose sa voix, la transforme et la démultiplie avec différents effets qu’elle actionne elle-même.
Vilma Pitrinaitė propose ici une chorégraphie âpre, quasiment dystopique, à la dimension politique puissamment affirmée. Rappelons pour ceux qui l’auraient oublié, que la Lituanie possède une frontière commune avec l’enclave russe de Kaliningrad. Et pour qui connaît Vilnius, capitale de la Lituanie, le soutient à l’Ukraine, envahie par la Russie, y est visible à tous les coins de rue. Là est aussi la résistance en lituanie.
Deux pièces vues le 17/09 à l’Atelier de Paris dans le cadre de la saison de la Lituanie en France.
Retrouver plus d’infos sur les artistes présentés sur le site de l’Atelier de Paris – CDCN.
Hands up d’Agnietė Lisičkinaitė au Théâtre de la Ville les 19 et 20 septembre.
La danseuse et chorégraphe lituanienne Agnietė Lisičkinaitė présentait son travail dans le cadre de l’Open Studio. Elle sera au Théâtre de la Ville avec sa performance Hands up. S’attachant au geste des bras et mains levées, la chorégraphe joue de la multiplicité de sens possibles (protester, se rendre, danser, etc). Cette performance n’est pas sans évoquer celle de la chorégraphe américaine Hanna Halprin, Blank Placard Dance datée de 1967.
Réservation au Théâtre de la Ville.
Pour retrouver l’ensemble de la programmation de la saison de la Lituanie en France.