Laurent Paillier est un photographe de danse actuellement en résidence à Micadanses*. A ce titre il bénéficie, comme n’importe quel autre artiste, d’heures de studio qui lui permettent de développer un travail personnel de création qu’il expose dans les espaces accessibles pour se rendre aux studios. Nous l’avons rencontré pour évoquer avec lui cette résidence, ses différents projets et l’exposition en cours Temps suspendus.
Comment êtes-vous devenus photographe de danse ?
La photographie de danse est une ancienne spécialité de la photographie. Lorsque j’ai commencé mon activité de photographe, c’était dans l’idée de poursuivre le travail des anciens qui photographiaient les danseurs à l’Opéra. J’étais influencé très jeune par les photographes de danse. J’ai été marqué par une exposition de Jeanloup Sieff qui avait photographié Carolyn Carlson dans un lieu insolite. J’avais 15/16 ans. Des années plus tard, j’ai eu la chance de collaborer avec Carolyn Carlson et faire à mon tour une exposition des photographies réalisées avec elle.
J’ai fait une école de photo à Paris après le bac et j’ai commencé à travailler par la suite comme assistant dans des studios de mode et de publicité. Mais je ne me suis pas senti à l’aise dans ce milieu. J’ai commencé à photographier les spectacles gratuits de la Fnac, et c’est ainsi que j’ai débuté les photographies de danse. Lorsque je fais des photographies de spectacles, je suis témoin. Je considère cela comme un travail de journaliste. Au bout d’une vingtaine d’années j’ai eu l’envie de créer mes propres images, alors je suis revenu en studio.
En quoi consiste votre résidence “photographie/danse” à Micadanses ?
La proposition de résidence est arrivée après le covid. Christophe Martin, le directeur de Micadanses, avait déjà évoqué une telle proposition avant l’épidémie. L’après covid a été difficile car la reprise des spectacles ne s’est pas faite immédiatement. C’était un petit coup de pouce qui tombait au bon moment et de plus j’avais de la matière. C’était l’opportunité pour moi de montrer des photographies de spectacles et de studio. Par contre il y a eu une évolution des accrochages vers ce que je désire faire maintenant, à savoir une photographie de création en studio ou en extérieur. Au début de cette résidence j’exposais une sélection des photographies en rapport avec les spectacles programmés dans les festivals Faits d’hiver et Bien Faits. Actuellement je montre des photographies réalisées en studio sur mon temps de résidence.
Quelles photographies présentez-vous actuellement ?
Dans ce quatrième accrochage, je présente deux projets en cours. L’un est l’Abécédaire dansé débuté il y a déjà quelques années avec Kaori Ito. J’avais travaillé avec Kaori sur une série publiée dans l’ouvrage Danser la peinture paru en 2016 aux éditions Scala. A la suite, l’éditeur m’a proposé de poursuivre une collaboration avec elle pour un livre à destination des enfants. Mais le projet a pris une tournure un peu différente. Il est devenu au fil du temps un portrait de Kaori Ito étalé sur plusieurs années et qui n’est toujours pas achevé. Dans l’accrochage présenté il y a des photographies réalisées en studio et d’autres en extérieur. C’est vrai que toutes les photos ne sont pas en mouvement mais Kaori Ito a une posture de danseuse. Le geste ou la posture sont importants et m’intéressent tout autant que le mouvement dansé.
Le second projet est La danseuse et l’enfant qui a été réalisé à l’initiative de la danseuse Axelle Lagier. C’est un projet d’exposition à venir de 25 photographies. Chaque danseuse témoigne de son expérience de la maternité confronté à son métier et à ses difficultés à concilier cette situation avec sa vie professionnelle. La plupart des photographies ont été réalisées à Micadanses sur les heures de studio de ma résidence. Pour cela je transforme le studio de danse en studio photographique. J’amène beaucoup de matériels, les fonds, les flashs et je fais des séances de 1/2 journées de prises de vues.
Quel sera le prochain accrochage ?
Je profite de cette résidence pour avancer sur mes projets. C’est d’ailleurs Christophe Martin et Sigrid Hueber de Micadanses qui ont souhaité que je ne mette que les photographies de mes projets personnels pour ces derniers accrochages. Le prochain est une série, entamée depuis quelques années, de portraits de chorégraphes qui a pour titre Regard, Posture. Il s’agit de diptyques. L’un des clichés est un portrait très rapproché d’un.e chorégraphe et le second est le portrait en pied réalisé à proximité d’un lieu symbolique de la danse.
Laurent Paillier photographe de danse : entretien réalisé le 10/02/2024 à Micadanses. Les photographies de Laurent Paillier sont accessibles les soirs des spectacles et sur rendez-vous en écrivant à photo@laurentpaillier.net
Le site de Laurent Paillier pour découvrir son travail.
* Micadanses est un lieu dédié à la danse à Paris avec des studios de répétition, une salle de spectacle et programme plusieurs festivals renommés chaque année sur Paris tels Bien faits et Faits d’hiver qui vient de s’achever.
