Hände, la danse filmée jusqu’au bout des doigts.
Le Musée d’Art et d’histoire du judaïsme présente en entrée libre jusqu’au 9 novembre, Hände, un chef-d’œuvre méconnu du cinéma d’avant-garde tourné à Berlin en 1927, imaginé par la photographe Stella F. Simon et réalisé par Miklós Bándy.
Ce film d’une durée d’une quinzaine de minutes est accompagné d’une présentation de documents qui permettent d’en savoir plus sur sa conception et sur les participant·es à sa réalisation : la photographe Stella F. Simon, le réalisateur Miklós Bándy, la danseuse d’origine javanaise Takka-Takka, la chorégraphe allemande Herta Feist, le compositeur américain Marc Blitzstein et le peintre décorateur Max Dungert.
Hände se compose d’une succession de séquences dans lesquelles n’apparaissent que des mains (d’où le titre) qui dansent dans des décors résolument abstraits, géométrisés ou démultipliés par effet d’incrustation. Muet, le film est sous chapitré, confirmant un fil narratif qui se présente comme une histoire amoureuse entre deux mains parmi d’autres.
Unique réalisation de Miklós Bándy, Hongrois installé à Berlin, et de la photographe américaine Stella F. Simon, le film sera sauvé de la destruction des nazis par Alfred H. Barr qui s’en portera acquéreur pour le compte du MOMA dont il fut le premier directeur à sa création en 1929.
Hände de Miklós Bándy (1927).
Dans les années 20, l’expressivité accordée aux mains était considérable. Il faut voir là les effets des développements de la danse d’expression inaugurée par Mary Wigman. En atteste les photographies de la danseuse réalisée par Charlotte Rudoph, et plus particulièrement Arm und Handstudien publiées dans l’ouvrage de Bach Rudolf, Das Mary Wigman-Werk : mit Beiträgen von Mary Wigman, Dresde, C. Reissner, 1933 (une source mentionnée dans le très intéressant article de Bruno Giodiano, Das Mannweib, qu’on pourra consulter par ici). À cette même date de 1927, les danseuses Tilly Losch et Hedy Pfundmayr créaient une Danse des mains pour le Festival de Salzbourg qui sera remarquée.

Le film Hände, quant à lui, s’empare des inventions cinématographiques de son époque et, même s’il se démarque par son fil narratif d’une veine totalement expressionniste, s’inscrit dans les développements de cette danse moderne qui connaît un essor considérable dans l’Allemagne de l’entre-deux guerres.
Tilly Losch Dance of The Hands, film de Norman Bel Geddes 1930-33.
Hände projeté au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme jusqu’au 9 novembre 2025.
Une projection accompagnée de photographies inédites et de documents sur les artistes impliqués.
Commissaires : Jérôme Lechevalier, journaliste et Pascale Samuel, conservatrice du mahJ.
Autre exposition à ne pas manquer au même endroit : Paula Padani. La danse migrante : Hambourg, Tel-Aviv, Paris. Lire notre article.

