Nékuia une performance de Cassandre Muñoz

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Cassandre Muñoz / Moun, danseuse, chorégraphe et performeuse, était en résidence à la Briqueterie / CDCN pour travailler à sa prochaine création, Nékuia, une performance installation qu’elle présentera à la Villa Gillet à Lyon le 27 septembre, à l’invitation de Dorothée Munyaneza.

En partenariat avec la Biennale de Lyon qui se tient jusqu’au 28 septembre 2025, le Centre Pompidou a invité trois artistes chorégraphiques à s’y produire : Gisèle Vienne, Eszter Salamon et Dorothée Munyaneza. Cette dernière, danseuse, chanteuse et auteure a imaginé quatre soirées réunissant des artistes d’horizons divers.

Parmi ces invité·es, Cassandre Muñoz danseuse pour Youness Aboulakoul (Ayta), Emmanuel Eggermont (All Over Nymphéas), Volmir Cordeiro (Abri et sa prochaine création Parterre), François Chaignaud (Petites joueuses au Louvre). Elle est aussi chorégraphe et développe ses propres projets à l’intersection de la danse, de la performance et des arts plastiques. C’est à ce titre qu’elle est invitée à présenter Nékuia le 27 septembre, une performance installation qui se déploiera à l’extérieur et dans les salons de la Villa Gillet pour une traversée du public.

La présentation faite à la briqueterie en sortie de résidence proposait comme une trame de la performance à venir, mais adaptée à l’espace du studio. Nous étions d’abord invité·es à assister à la projection d’une vidéo constituée d’une succession de gros plans filmés du visage de la performeuse, sur lesquels elle a opéré un travail numérique générant grâce à des outils de l’intelligence artificielle, des transformations, des métamorphoses, voire des mutations.

Dans la proposition suivante, on retrouvait Cassandre Muñoz agenouillée au centre d’un dispositif circulaire constitué de masques blancs en plâtre et de récipients d’eau en verre. Les spectateurs s’installèrent tout autour. Après une « préparation » du visage, notamment pour le déformer, la performeuse déposait des bandes d’argile, préalablement trempées dans les récipients d’eau, pour les apposer sur le visage et créer ainsi in situ un masque qu’elle retira plus tard dans un petit théâtre de marionnettes constitué d’autres masques suspendus habillés de voiles transparents. Enfin, la performance se terminait par un texte récité et une dernière projection vidéo sur un mur latéral du studio.

  • Nékuia une performance de Cassandre Muñoz
    Nékuia, Cassandre Muñoz / Moun © avoiretadanser

Nékuia, le titre de cette performance est énigmatique. Est-il le nom d’une déesse oubliée que Cassandre Muñoz réinvente. Serait-elle elle-même cette Nékuia, son incarnation ? Dans la tradition grecque, nékuia désigne un rituel ou une pratique consistant à l’invocation des morts. Mais ici, s’il y a une forme de rituel, il ne sert pas à invoquer les défunts ou leurs esprits. Il creuse plutôt la question de l’identité et son vacillement possible. À travers cette « fabrique » du masque la performeuse reprend à son compte la notion de prosopon, un terme qui, chez les grecs anciens, signifiait à la fois le masque et le visage avant de désigner plus tardivement la personne, dont l’épisode d’Ulysse chez les cyclopes a révélé tout le paradoxe d’un terme pouvant signifier à la fois être et n’être pas.

La polysémie est au cœur de la recherche de Cassandre Muñoz et le masque transforme le visage en un terrain d’expérimentation où les identités peuvent alors se défaire et se recomposer.

Nékuia une performance-installation de Cassandre Muñoz / Moun à découvrir le 27 septembre à la Villa Gillet – Lyon dans le cadre de la Biennale de la Danse.

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Visiter le site de Cassandre Muñoz / Moun.

Visuel © avoiretadanser